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L’année 2014 aura été très favorable pour réaliser des itinéraires mixtes. Les conditions de la décennie probablement qu’il ne fallait pas louper. J’ai eu la chance de pouvoir grimper ce même mois la Colton Macintyre et la voie Polonaise parmi les premières cordées alors que le bal s’ouvrait. Les jours qui suivirent avec l’aide des réseaux sociaux, des grimpeurs venus de toute l’Europe se superposaient dangereusement dans ces itinéraires d’ampleur. Pour ce dernier passage de l’année aux Jorasses, en concertation avec Fix, nous nous dirigeons vers le sauvage et peu répété Eperon Marguerite via la voie Desmaison Cousy. Grimpée quelques jours avant par Korra, Julien Desécures & Cie  lors d’un tournage pour Millet cette voie nous offrira ce que nous recherchions, le calme. Au même moment les cordées s’empilent à quelques centaines de mètres dans les autres itinéraires surtracés.

Nous démarrons par le premier tiers de Rêve Ephémère puis bifurquons sur le fil de  l’éperon avant de nous aligner dans le grand dièdre caractéristique qui constituera le crux de l’itinéraire. Arrivés au pied c’est à mon tour de prendre le lead. Dans une concentration maximale, je réussi à placer des protections pas trop mauvaises et avance centimètre par centimètre en dry sur 5 m à la verticale. Mes mono pointes sont posées sur des réglettes qui croustillent et parfois cassent alors que je dois connecter avec un placage de glace précaire . Je n’ose pas monter totalement dessus au début tellement il est psychologique et sonne creux; je ferraille au maximum dans le granit en périphérie pour y mettre le moins de poids possible. Je sors la longueur et réussi à construire un relais potable. Fix effectue dans la longueur suivante une belle traversée sur du verglas suffisant pour nous porter jusqu’au dièdre final, que nous grimperons en deux longueurs. Julien m’avait prévenu, cette longueur initialement côtée 5+ sur le topo s’avère remplie de glace! Un regal de la parcourir en crampons jusqu’à l’arête sommmitale.

La journée est loin d’être terminée. Nous traversons les Jorasses en sens inverse jusqu’à Canzio puis basculons sur le glacier du Mont Mallet alors que la nuit nous rattrappe et que nos frontales décliment . Nous redescendrons dans la pénombre jusqu’au parking du Montenvers où nous arriverons à 5h du matin!

Ci contre la vidéo réalisée par Millet avec Julien Desécures et Seb Bohin, lors de leur ascension quelques jours avant nous.